DE JONG Thom – Shower 1

Né en 1940 à Amsterdam, Thom de Jong étudie les langues étrangères et le droit à l’université de sa ville natale avant de partir aux États-Unis en 1970. En 1973, il renonce à son poste aux Nations unies à New York pour se consacrer pleinement à son art. Thom de Jong, atteint du virus du sida, décède en 1988 à Amsterdam. Peintre et graveur, son œuvre graphique se concentre essentiellement sur l’impression en relief, une technique qu’il a développée de manière singulière. Il a également réalisé quelques lithographies et sérigraphies.
L’impression en relief, telle que pratiquée par l’artiste, commence par un dessin sur une plaque de plexiglass, ensuite découpée en une multitude de fragments. Chaque pièce est minutieusement encrée au rouleau dans une couleur distincte, puis l’ensemble est recomposé comme un puzzle. Ce bloc coloré est ensuite passé sous presse avec une feuille de papier, imprimant à la fois l’image et le relief des formes.
Ce procédé, exigeant et rare, donne naissance à des estampes dont le relief est perceptible au toucher, à la différence des lithographies ou des sérigraphies. Par cette approche unique, Thom de Jong affirme un langage plastique profondément personnel et inventif.

Cette œuvre représente une scène intime et apparemment anodine : celle d’un homme occidental contemporain prenant une douche. Le décor, suggérant un carrelage simple et géométrique, ancre la scène dans un quotidien familier. Les formes graphiques traduisent une abondance de mousse, symbole d’un confort moderne. Il s’agit d’un moment banal mais agréable, une parenthèse de bien-être. La simplicité apparente de la composition, limitée à trois couleurs principales et au blanc du papier, contraste avec la finesse du travail graphique. En y regardant de plus près, on perçoit la précision de la ligne, le raffinement du trait, ainsi que les légers reliefs laissés par le procédé d’impression. Ce jeu de surfaces ajoute une dimension tactile à l’image. Le personnage central, pâle et androgyne, brouille les repères de genre. Cette ambiguïté corporelle confère à la figure une aura d’étrangeté, presque spectrale. Il ou elle semble surgir du papier comme une apparition intemporelle, flottant entre réalisme et abstraction.