BAROIS Jean-Jacques

Jean-Jacques Barois est né à Lille en 1956. Il est mort en 2010, après avoir longtemps vécu et travaillé à Vienne en Isère avec sa compagne Mano De Caevel, également artiste. En 1988, après s’être partagé entre de longs séjours en Inde, à Ceylan, au Portugal et son métier de créateur textile, il s’est engagé radicalement dans la peinture. La variété de ses supports et les effets de matières sont des éléments caractéristiques de son travail. Oscillant entre figuration suggérée et abstraction informelle, son travail s’est attaché plus particulièrement à la quête du blanc, de la transparence, de la vacuité dans la stratification de matières délicates et sensuelles. La pratique de Barois est empreinte d’exploration tactile de la matière, privilégiant souvent des formats modestes, très travaillés dans la texture, l’équilibre des tons, et une forme d’intimité visuelle.

Cette œuvre s’inscrit dans une pratique artistique très subtile et sensorielle, proche de l’abstraction poétique. L’œuvre, divisée en deux sections verticales, semble interroger le passage du temps, visible dans l’érosion des surfaces et la stratification des couches. À gauche, la surface texturée, presque minérale dans ses tons gris bleuté, évoque une matière usée par le temps, une surface naturelle ou un mur érodé. À droite, des formes abstraites dans un vert olive profond, partiellement lissées ou raclées, contrastent avec le fond crème. Il s’en dégage une tension entre masse opaque et vide, entre forme imposée et accident pictural. Cette juxtaposition de textures et de tons crée un dialogue entre deux univers : le monde brut, minéral et silencieux à gauche, et un monde plus organique, mouvant, à droite.

Barois semble évoquer avec cette œuvre la mémoire des matières, chaque fragment semblant raconter une histoire ancienne, comme un palimpseste, ainsi que le contraste entre contrôle et hasard, avec une tension entre geste maîtrisé (formes, découpes nettes) et altérations spontanées (craquelures, usures, textures).