DA ROCHA Luis - Territoire de terrain vague

Luiz da Rocha est né à Oliveira de Azemeis au Portugal en 1945 et est décédé en septembre 2016 à Paris où il vivait. Voyageur dans l'imaginaire comme dans la réalité, il a habité tantôt à Londres, Toulouse, Montauban, tantôt à Paris ou Vich en Suisse. Depuis 1967, l'oeuvre de Luiz da Rocha conjugue la peinture, le dessin, l'installation sonore et la vidéo. Souvent, son travail de peinture s'organise en séries aux titres évocateurs, dont « Murailles de Chine » (1976-1978), « Songeurs exquis » (1985), « Rouges » (1986-1987), « Talismans » (2002). Luiz da Rocha intervenait également en qualité de conférencier dans de nombreuses écoles d'art et musées.

Le travail de da Rocha comme cette lithographie est représenté par de grands espaces blancs occupés d'une part par un grouillement multicolore d'images et, de l'autre, par la silhouette de la muraille de Chine. Cette dernière est le symbole et la métaphore de toutes les organisations et institutions, de toutes les exclusions et inclusions. Elle n'est pas un monument vers lequel les regards convergent, mais une limite, une périphérie : c'est la clôture, la fermeture d'une société qui s'isole, se replie. De l'autre côté de cette muraille, des personnages (Ève, pèlerin, angelot ?) sont disposés ça et là sans véritable lien entre eux, errant dans une sorte de terrain vague. La composition semble s'articuler autour de ce personnage central suspendu dans les airs, comme en lévitation. Luiz da Rocha évoque ici un paysage imaginaire où Ève (en bas à droite) côtoie un cavalier équilibriste. Tous les éléments de cette oeuvre sont en mouvement, créant une réelle dynamique, rehaussée par les couleurs vives. Les quelques mouettes esquissées dans la partie supérieure permettent de faire le lien entre la muraille et l'espace inférieur de la composition. Luiz da Rocha tente d'assembler, de rassembler, de faire en sorte que se rencontrent les contraires et que s'aplanissent les différences.