BELYAT GIUNTA Anya - Medusa/Dorotrea

BELYAT GIUNTA Anya - Medusa/Dorotrea

Gravure, 2015, H. 50 × L. 40 cm
N° 5/10
Collection : Ville Annonay
Numéro d'inventaire : M-2017-03

Disponible

« Je tiens à la justesse du trait, car il est porteur des énergies spirituelles.
Ces énergies nous donnent des frissons et nous mènent ailleurs, en silence. »

Née en 1975 à Saint-Pétersbourg, Anya Belyat-Giunta quitte la Russie avec sa famille à la fin de l'ère soviétique pour l'Autriche, puis l'Italie et les Etats-Unis. Tout au long de cet exil, elle poursuit ses études d'art à Florence, Minneapolis et à Toulouse, avant de s'établir à Lyon. Anya Belyat-Giunta possède un imaginaire débridé duquel naissent des créatures fantasmagoriques. Sa démarche artistique évoque souvent des questions existentielles : la naissance, la vie et la mort. Elle réinvente sa propre mythologie en créant des personnages hybrides.

Cette oeuvre est issue d'une série de 40 gravures (en cours de réalisation) dont le travail s'appuie sur un ouvrage d'Italo Calvino (1923-1985), Les Villes invisibles (1972). L'auteur met en scène l'empereur Kublai Khan et Marco Polo. Le premier ne peut visiter toutes les villes qu'il a conquises, et il demande au second de voyager pour lui et de les lui décrire. Selon un ordre savant, Marco Polo décrit des villes merveilleuses, tellement extraordinaires qu'elles pourraient être inventées tout autant qu'exotiques. Chaque chapitre correspond à un nom de ville. L'ailleurs qui y est décrit est aussi bien géographique, utopique, originel qu'onirique. Au fil des lignes, on comprend que finalement il s'agit de la même ville : une sorte de palimpseste du temps et des âmes.
Pour réaliser ses gravures, Anya Belyat-Guinta relit le chapitre, puis écrit le nom féminin en bas de la plaque à graver. Elle aborde la silhouette vue de dos, tourne la plaque pendant le travail, pour arriver à une image réversible et lisible selon plusieurs directions. L'artiste y interprète l'un de ses thèmes de prédilection : le mythe de Méduse, l'une des trois Gorgones. Elle avait la figure de forme ronde, parfois barbue, d'une laideur repoussante, avec un nez camard. Elle possédait de puissantes ailes d'or et une chevelure où se dressaient des serpents. Mais ses yeux étaient son arme la plus redoutable, pétrifiant ceux qui la fixaient directement. Selon la légende, Méduse aurait été une belle jeune fille, un peu trop fière de sa chevelure. Pour la punir, Athéna l'aurait changée en un paquet de serpents. Anya Belyat-Giunta détourne ici l'énergie destructrice de la Gorgone, représentée par sa chevelure. La vue de dos protège le spectateur de son regard meurtrier.

ANBG-005