Benjamin HOCHART - Anna
Série « If I Can’t Dance… »
Lithographie, clichés plomb sur vélin de Rives, 2019, H. 60 × L. 44 cm
N° 11/20 exemplaires
Éditeur : Production URDLA, Villeurbanne / FNAGP, Paris
Collection : Ville d’Annonay
Numéro d'inventaire : M-2019-04
Né en 1982, Benjamin Hochart est un artiste français, diplômé des Beaux-Arts de Lyon, puis de Paris. Il expérimente de multiples supports et processus (dessin, sculpture, installation, vidéo, performance, édition…) sur le modèle d’un grand collage. Son travail par série vise à multiplier les tentatives et possibilités de lectures, tout en épuisant les systèmes, dans un geste à la fois poétique et politique. Il revendique les influences des arts populaires et folkloriques, de l’art brut, la bande dessinée et la science-fiction, des pratiques textiles diverses et des arts premiers.
Chaque estampe de la série « If I Can’t Dance… » est composée de plusieurs niveaux de motifs. D’abord, une planche encyclopédique illustre diverses machines, rehaussée par une alternance de bandes roses et grises, telle de la craie grasse. Des formes vert clair reprises d’un dessin de Mike Kelley (1957-2012), Garbage Drawing #18, envahissent l’espace. L’œuvre de cet artiste se nourrit de questionnements philosophiques, de psychanalyse et de littérature, mélangeant culture populaire et contre-culture, sous-tendant le tout d’une forte dose d’humour noir et d’ironie. Kelley se saisit de tabous liés notamment à l’enfance, à l’éducation et à la sexualité. Dans la série « Half a Man », il associe des dessins d’organes (poumons, reins, etc.) à des dessins de sacs poubelle et de poupées de chiffon. Mettant sur le même plan nos organes vitaux, nos déchets et nos doudous, il revisite tout notre système de valeur.
Au centre de la composition, une larme noire fait référence à une case de la bande dessinée Clinique von Spatz d’Anna Haifisch.
Le titre de cette série, quant à lui, fait référence à la célèbre phrase attribuée à l’anarchiste féministe Emma Goldman (1869-1940) : « Si je ne peux pas danser à la révolution, je n’irai pas à la révolution. » Ces mots synthétisent sa pensée.
Née en 1869 dans l’Empire russe, Emma Goldman émigre aux États-Unis à seize ans et y devient anarchiste et féministe. Très tôt, elle est considérée comme la femme la plus dangereuse d’Amérique. Ses positions sur la violence anarchiste, sa défense de la contraception et de l’amour libre, sa condamnation de la guerre et du patriotisme en font l’ennemie des autorités.
Privée de sa citoyenneté américaine, elle est déportée en Union soviétique en 1919. L’espoir qu’elle mettait dans la révolution est bien vite déçu, dénonçant alors l’autoritarisme du régime bolchevique. Pendant les vingt dernières années de sa vie, elle erre, « femme sans pays », sans jamais renoncer à son engagement.
« Je veux la liberté, écrivait-elle, je veux que chacun ait le droit de s’exprimer et que chacun ait accès aux choses belles et radieuses. »
Cette œuvre graphique révèle divers engagements : patrimonial, artistique et politique.